Publié le 31/01/2024
Par CFDT-Fonction publique
Après le discours de politique générale prononcé, ce mardi 30 janvier, par le Premier ministre, Gabriel Attal, devant l’Assemblée nationale, et alors que les plus de cinq millions d’agents publics sont toujours sans interlocuteur au Gouvernement, nous vous proposons un décryptage rapide des points concernant la Fonction publique évoqués devant les député-es. Le report de l’examen du projet de loi « Fonction publique » ouvre une porte… reste à savoir ce que nous obtiendrons de cette ouverture. En tous cas, la CFDT maintient le rapport de force avec le Gouvernement après ce premier « bougé ».
_Ce qui a été évoqué…
- Le renvoi de l’examen d’un projet de loi « pas avant le second semestre » : pour la CFDT, c’est logique vu le délai pour avoir un interlocuteur… Mais la CFDT le rappelle : l’impératif, c’est surtout de remettre les choses dans l’ordre : la négociation attendue sur les carrières doit précéder l’examen du projet de loi comme on le porte depuis plusieurs semaines. Et en plus des carrières et rémunérations, les agents portent des alertes de plus en plus fréquentes sur le sens et l’intérêt de leur travail, sur l’écoute qui leur est apportée quant aux missions et aux réorganisations des administrations, collectivités et établissements des trois versants de la Fonction publique (État, Territoriale, Hospitalière).
- Sur le travail : annonce de l’expérimentation de la « semaine en 4 jours » pour un « État exemplaire »… Pourquoi pas. Mais comme pour le télétravail (parallèle fait par le Premier ministre lui-même), cette mise en œuvre d’une nouvelle organisation du travail ne doit se faire que sur une base négociée et sur le volontariat des agents. C’est en cela que l’État serait exemplaire ! Par ailleurs, le manque de succès de la formule doit interroger, car pour l’instant, la semaine « en quatre jours », c’est surtout une intensification des journées. Pour la CFDT, à l’instar de ce qui avait été fait pour le télétravail, la mise en œuvre doit se faire au plus près des agents dans un cadre négocié, en mesurant tous les impacts sur les collectifs de travail. Et sur les agents eux-mêmes, car l’intensification induite est une réalité : intensification physique et psychologique, difficultés à concilier vie personnelle et professionnelle, impacts sur les déplacements, … Autant d’éléments qui ne trouvent pas de solution magique et renvoient bien à la nécessité de négocier.
- Fin des horaires décalés pour les personnels d’entretien et de ménage : c’est une ligne directrice positive. Mais là encore, l’organisation du travail doit se penser collectivement en donnant la parole aux agents. C’est encore une fois le dialogue social qui doit permettre la réalisation de ce qui est souhaitable.
- « Débureaucratiser » : les agents publics sont les premiers à souffrir de l’accumulation de normes. Il suffit de lire les témoignages recueillis et publiés en 2018 sur le sujet dans le livre publié par la CFDT « L'Autre trésor public ». Et d’ailleurs, la CFDT le rappelle fermement : les agents publics ne mettent en œuvre que des politiques publiques décidées par les élus et/ou le gouvernement. Lois et règlements ne se font pas à l’initiative des agents publics. Combien d’heures passées par les personnels des hôpitaux à remplir des « paperasses » ? Combien d’heures passées à échanger entre services pour organiser des tâches et missions segmentées ? Combien d’années à attendre que les collègues des directions interministérielles qui travaillent dans les mêmes services soient traités de manière équivalente ? Les exemples ne manquent pas, et les discours politiques ne doivent pas l’oublier ni manquer de le rappeler.
- La « démiscardisation » : en ce qui concerne la Fonction publique, la CFDT rappelle que la moitié des agents étaient éligibles à la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat versée en 2023. La question est bien celle de l’absence de mesures générales qui entraine tassement des grilles, baisse de pouvoir d’achat, perte d’amplitude des perspectives de carrières…
… et ce qui n’a pas été évoqué
- Pouvoir achat/mesures générales : à aucun moment, le Premier Ministre n’a évoqué la question du pouvoir d’achat et des salaires dans la Fonction publique, alors que c’est l’attente prioritaire ! Malgré des mesures non-négligeables mais insuffisantes en 2022 et 2023, les pertes de pouvoir d’achat n’ont pas été couvertes et continuent de peser sur le quotidien, et la Fonction publique continue de perdre en attractivité.
- Et bien d’autres sujets : l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, la mobilisation des agents en lien avec les désordres climatiques, les questions de maintien de l’ordre, la pression qui pèse sur les hôpitaux, sur les services sociaux, … Les mots de reconnaissance ont manqué pour saluer l’engagement indispensable et sans faille des agents.