mardi 30 août 2022

Charge mentale : « Il faut arrêter de valoriser le temps passé au travail »

[COURRIER CADRES] Charge mentale : « Il faut arrêter de valoriser le temps passé au travail »


La charge mentale ne se limite pas au cadre de la parentalité et de la vie personnelle. Elle existe aussi au travail, sous forme d’une sur-sollicitation particulièrement délétère, qui paralyse les prises de décision. Adrien Chignard, psychologue du travail, livre ses conseils pour lutter soi-même contre ce phénomène propre au 21e siècle.

De quoi parlons-nous lorsque nous parlons de « charge mentale » au travail ?

La charge mentale nous affecte tous. On peut la définir comme la quantité d’informations (visuelles, auditives, sensorielles, olfactives, gustatives) que notre cerveau doit traiter à un instant T. Elles sont tellement nombreuses que nous ne pouvons pas toutes les traiter et que nous trions les données prioritaires et les données secondaires. Quand cette charge mentale déborde, on parle de surcharge. Notre entonnoir cognitif est bourré par un trop-plein d’informations. Mais notre cerveau doit continuer d’avancer. Pour réduire la complexité du monde, il utilise des techniques pour aller plus vite. Mais il s’agit hélas de biais cognitifs.

Dans le monde de l’entreprise, la charge mentale est de plus en plus difficile à gérer dans des organisations matricielles qui fonctionnent en « mode projet », avec de nombreux interlocuteurs et des interruptions bien trop fréquentes à traiter. Les enjeux des projets menés sont forts, les timings serrés, les moyens réduits et les réunions interminables se multiplient.

Au travail, la charge mentale est liée à la mentalisation de l’activité. Elle est moins pénible qu’autrefois d’un point de vue physique, mais elle l’est beaucoup plus d’un point de vue cognitif. Elle est aussi liée à la complexification des organisations, particulièrement quand elles sont multinationales : les salariés ont de plus en plus de difficultés à comprendre qui fait quoi, qui est responsable, et à qui se référer.

Enfin, nous vivons dans un monde de distractions que l’on refuse de voir, mais qui alourdit la charge. Les réseaux sociaux d’entreprise et leurs messageries instantanées, le « fun » que l’on essaie d’injecter dans les bureaux, les pop-up qui s’allument partout lors des visios… Cette distraction perturbe notre attention qui est l’un des ingrédients cognitifs de la charge mentale avec la mémoire. Les collaborateurs comme les managers se plaignent ainsi fréquemment d’être sursollicités ; plus seulement par des collègues en présentiel, mais aussi via un flot d’e-mails et de messages instantanés.

Quels sont les effets de cette surcharge pour les collaborateurs ?

Lorsque vous êtes sursollicité et fréquemment interrompu (sachant qu’il est impossible d’ignorer ces interruptions par la simple volonté), vous devez sans cesse refocaliser votre attention. Or, obliger son cerveau à se remettre à la tâche initiale est excessivement consommateur d’énergie.

Mais l’enjeu lié à la charge mentale va au-delà de la fatigue qu’elle génère. En cas de surcharge trop importante, vous prendrez de mauvaises décisions. Ce qui peut avoir des conséquences particulièrement néfastes au travail. Votre cerveau risque de saturer, et vous multiplierez oublis et erreurs.

Comment peut-on lutter contre cette surcharge mentale au travail, sur le plan individuel ?

Quatre mots clés : couper, découper, distribuer, déconnecter. Il faut d’abord couper les distractions, à la source ; c’est-à-dire tout ce qui peut générer des notifications (e-mails, messagerie instantanée…), pendant au moins 2 fois 45 minutes dans la journée. L’idée est de stopper ce qui risque de perturber notre attention et d’altérer notre faculté à nous concentrer, afin d’avoir une charge mentale acceptable, qui nous permettra de travailler plus efficacement.

A côté de ce travail en « mode avion », l’idée est de prendre en compte le fait qu’il n’est pas possible de se couper constamment de toute distraction, certaines pouvant être importantes. Pour cela, la deuxième étape sera de découper chaque grosse tâche en petites unités dispersées dans son planning. Pour limiter la charge mentale, il n’est pas obligatoire de produire l’activité à laquelle le cerveau pense : il suffit de lui garantir que celle-ci pourra être réalisée dans un temps raisonnable. Réaliser une tâche importante en plusieurs fois, et l’avoir planifiée, permet de calmer la sensation d’urgence.

Troisième conseil : distribuer. Le « multitasking » en tant que tel est très rare en réalité, car il n’est pas possible de réaliser plusieurs tâches en même temps. La plupart du temps, plutôt que de mener plusieurs actions en parallèle, nous les réalisons les unes après les autres ; ce qui est très mauvais pour notre attention. Afin de la restaurer durablement, l’idée de « l’attention restoration theory » est de prendre un temps de pause, chaque jour au milieu de sa journée, pour faire fonctionner d’autres sphères de son cerveau que celles sollicités dans sa vie quotidienne. Si vous lisez ou écrivez toute la journée, l’idée est de solliciter autre chose que votre intelligence verbale, par exemple votre intelligence spatiale, en partant marcher pendant 40 minutes. Cela permet au cerveau de restaurer ses fonctions exécutives supérieures, celles qui lui permettent de prendre les décisions les plus complexes.

Enfin, la quatrième étape est la déconnexion. Il est important d’écouter les « signaux » de la surcharge – problèmes de concentration, attention sautillante, problèmes de mémoire – et d’aménager des temps de repos / récupération dans la semaine. Pas question d’attendre uniquement le week-end pour déconnecter : il faut également s’aménager de vrais « temps sanctuaires ». Pendant une heure ou deux, une fois dans la semaine, vous prenez du temps pour vous, vous débranchez votre smartphone et vous faites quelque chose qui vous permettra de vous éloigner de votre quotidien et de votre travail. Le repos fait partie de l’entraînement, il n’existe pas de performance durable sans récupérations fréquentes. On confond malheureusement trop souvent fréquence et intensité : afin de reprendre de l’énergie, l’idée n’est pas de travailler non-stop pendant 11 mois et de poser 5 semaines de vacances à la suite, mais de rechercher un repos plus fréquent et étalé.

Que peuvent faire également les managers pour aider leurs collaborateurs mentalement surchargés ?

La première chose à faire sera de manager par le résultat. Plutôt que de se focaliser sur la manière de faire, l’idée est pour les managers de se focaliser sur les résultats attendus. Si l’entreprise permet à chaque collaborateur d’organiser son temps en autonomie, elle reconnaît leur besoin de concentration. Chacun travaille à son rythme, avec des horaires de prédilection : il faut aussi laisser chacun s’organiser en fonction de ses spécificités et de sa vie personnelle. Il faut donc arrêter de valoriser le temps passé au travail et la rapidité de réponse aux e-mails (des outils qui sont, rappelons-le, asynchrones).

Les managers peuvent aussi axer leur gestion de l’équipe par la valeur ajoutée : c’est l’idée de focaliser le temps et l’énergie de chacun sur des tâches qui créent de la valeur. Finis les reportings en doublon, les visioconférences inutiles. Il peut être intéressant de réaliser un ‘dry january’ des réunions, de faire sauter toutes les réunions de l’agenda pendant un mois entier. Évidemment, certaines ne pourront être supprimées. Mais à l’issue de cette initiative, vous réaliserez bien souvent qu’un grand nombre d’entre elles sont plus ou moins inutiles. Il s’agit de faire le point sur les tâches réalisées uniquement par habitude mais ne créant pas de valeur, afin de gagner du temps et de l’énergie pour se focaliser davantage sur celles qui permettent d’avancer réellement dans son travail.

L’entreprise gagnerait aussi à instaurer un climat de sécurité psychologique. Elle doit faire en sorte de permettre aux collaborateurs de dire leurs difficultés et leurs vulnérabilités, sans craindre d’être pénalisés ou de ne pas être écoutés.

Enfin, il est capital de manager par la bienveillance envers soi : on ne peut donner aux autres que ce dont on dispose. Les managers doivent donc prendre, également, soin d’eux-mêmes. Gérer leur propre charge mentale, afin de mieux gérer celle de leurs collaborateurs.

lundi 29 août 2022

FORMATION : DE NOUVEAUX DROITS POUR LES AGENTS DE CATÉGORIE C

 Publié le 22/08/2022

Il prévoit un congé de transition professionnel avec maintien du salaire pendant un an, pour les agents de catégorie C non titulaires d’un baccalauréat ou en situation de handicap ou exposés à l’usure professionnelle. Ce congé permet à l’agent de suivre un parcours long de formation [120 heures minimum], en vue d’exercer un nouveau métier au sein du secteur public ou, pour ceux qui le souhaitent, dans le secteur privé.

Pour tous les agents publics, le décret rallonge la durée du congé de formation professionnelle au cours de la carrière qui passe de trois à cinq ans. L’agent en formation pourra être indemnisé pendant deux ans (un an auparavant). Le décret crée aussi deux nouvelles mesures, le droit à l’information sur l’offre d’accompagnement personnalisé avec la possibilité, aux agents, de bénéficier d’un bilan de parcours professionnel auprès d’un conseiller mobilité carrière ainsi qu’une période d’immersion professionnelle afin d’observer la pratique d’un nouveau métier pendant quelques jours.

La CFDT Fonction publique, force de propositions, a participé activement à l’élaboration de ce décret et a voté favorablement le texte lors de son passage au Conseil Commun de la Fonction publique (CCFP)

mardi 23 août 2022

ET SI TU ÉTAIS CANDIDAT.E AVEC LA CFDT ?

ELECTIONS PROFESSIONNELLES 2022
Les bonnes raisons de rejoindre la CFDT

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mardi 16 août 2022

Calculez votre GIPA 2022 (Garantie Individuelle de Pouvoir d’Achat)

 Publié le 

La CFDT vous propose un simulateur pour calculer votre GIPA 2022 (voir plus bas)

La Garantie Individuelle de Pouvoir d’Achat 2022 :

La GIPA est reconduite pour 2022. Cette reconduction avait été annoncée mardi 28 juin, par Stanislas Guérini, le Ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques. C’est le décret 2022-1101 du 1er août 2022 qui proroge la garantie individuelle du pouvoir d’achat jusqu’en 2022Il fixe, dans ce cadre, la période de référence prise en compte pour la mise en œuvre de cette indemnité.

  • Pour 2022 : la période de référence est fixée du 31 décembre 2017 au 31 décembre 2021

L’arrêté du 1er août 2022 fixe au titre de l’année 2022 les éléments à prendre en compte pour le calcul de l’indemnité de garantie individuelle du pouvoir d’achat (GIPA). Pour la période de référence du 31 décembre 2017 au 31 décembre 2021, le taux de l’inflation ainsi que les valeurs annuelles du point d’indice à prendre en compte sont les suivants :

  • taux de l’inflation : + 4,36 %;
  • valeur moyenne du point en 2017 : 56,2044 euros;
  • valeur moyenne du point en 2021 : 56,2323 euros.

La GIPA résulte d’une comparaison entre l’évolution du traitement indiciaire brut (TIB) détenu par l’agent sur une période de référence de quatre ans et celle de l’indice des prix à la consommation (hors tabac en moyenne annuelle) sur la même période. Si le TIB effectivement perçu par l’agent au terme de la période a évolué moins vite que l’inflation, un montant indemnitaire brut équivalent à la perte de pouvoir d’achat ainsi constatée est versé à chaque agent concerné. Il est calculé en fonction d’une formule prévue par le décret n° 2008-539 du 6 juin 2008.  (décret modifié par le décret n°2022-1101 du 01 août 2022).

Exemple : Pour un agent à temps complet ayant l’indice majoré 514 au 31 décembre 2017 et au 31 décembre 2021 :

  • TBA 2017 = 514 x 56,2044 = 28 889,06 €
  • TBA 2021 = 514 x 56,2323 = 28 903,40 €
  • Gipa 2022 = 28 889,06 x (1 + 4,36 %) – 28 903,40 = 1 245,22 €

La GIPA est attri­buée sous condi­tions :

  • aux fonc­tion­nai­res rému­né­rés sur un emploi public pen­dant au moins trois ans entre le 31/12/2017 et le 31/12/2021 ;
  • aux contrac­tuels en CDD ou en CDI, rému­né­rés de manière expresse par réfé­rence à un indice et employés de manière continue sur la période de référence de quatre ans prise en considération, par le même employeur public..

Sont notam­ment exclus du dis­po­si­tif :

  • les fonc­tion­nai­res ayant un grade dont l’indice ter­mi­nal dépasse la hors-échelle B (indice 1067)
  • les agents en dis­po­ni­bi­lité, en congé paren­tal ou de pré­sence paren­tale,
  • les agents de caté­go­rie A nommés sur emploi fonc­tion­nel,
  • les agents contrac­tuels dont le contrat ne fait pas expres­sé­ment réfé­rence à un indice
  • les Ouvriers des Parcs et Atelier (OPA)
  • les agents ayant subi une sanc­tion dis­ci­pli­naire ayant entraîné une baisse de leur trai­te­ment indi­ciaire.

Les agents à temps partiel au 31 décembre de l’année qui clôt la période de référence voient le montant de la GIPA proratisé en fonction de la quotité travaillée et non de la quotité rémunérée. Par exemple, pour un agent travaillant à 80 %, le montant de la GIPA sera proratisé à concurrence de 80 % (quotité travaillée) et non pas des 6/7e (quotité rémunérée). Le montant réellement payé correspondra donc au montant initialement calculé pour un temps plein, auquel sera appliqué la proratisation .

Pour connaitre votre GIPA 2022, utilisez le simulateur de la CFDT ci-dessous. Il vous suffit d’indiquer vos indices figurant sur vos fiches de paie de décembre 2017 et 2021.

La GIPA est soumise aux cotisations sociales (CSG, CRDS), au Rafp et à l’impôt sur le revenu.

Aucune démarche n’est à faire par l’agent bénéficiaire. L’administration est tenue d’effectuer le calcul pour chaque agent et au versement automatique éventuel. Le versement de l’indemnité devra intervenir, au plus tard, sur la paie du mois de décembre 2022.

Le simulateur de GIPA :

Vous avez besoin de votre indice majoré (IM) au 31 décembre 2017 et au 31 décembre 2021 (voir sur votre fiche de paye)

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GIPA : Une hausse sensible du nombre de bénéficiaires

En prenant en compte la reprise de l’inflation sur la nouvelle période de référence 2017-2021 (+ 4,36 %) et l’absence de dégel du point d’indice sur cette même période, le gouvernement Borne anticipait ainsi une “augmentation sensible”, cette année, du nombre de bénéficiaires et donc du coût de la Gipa.

Chez les agents civils de la fonction publique d’État, le nombre de bénéficiaires est ainsi estimé à 91 500 agents pour un coût de 49,11 millions d’euros, contre 25 883 bénéficiaires et 13,85 millions d’euros en 2021. Dans la territoriale, le coût de la reconduction de la Gipa est cette année estimé à 25,31 millions d’euros et à 20,21 millions d’euros dans l’hospitalière, contre respectivement 4,73 millions et 8,34 millions d’euros en 2021. Pas de détail néanmoins sur le nombre potentiel de bénéficiaires dans ces deux versants.

Décret 2022-1101 du 01-08-22


Arrêté du 01-08-22