mardi 8 août 2023

[REVUE CADRES] QUALITÉ DU DIALOGUE SOCIAL


Nous avons manifesté face à un pouvoir faiblement intéressé par la social-démocratie. Or, la démocratie sociale enrichit la démocratie politique.


Revue Cadres n°497QUALITÉ DU DIALOGUE SOCIAL, REVUE N°497 (JUILLET 2023)

Le numéro 497 de Cadres aborde la qualité du dialogue social avec la participation de Yvan Ricordeau, Michel Sailly, Rémi Bourguignon, Charline Monin, Guy Groux, Juliette Fronty, Florence Lefresne, Laurent Tertrais,  et Laurent Berger. > Lire la suite

 

[ÉDITO] LA QUESTION SYNDICALE EN DÉMOCRATIE

par Laurent Tertrais, rédacteur en chef de la revue Cadres

Laurent Tertrais

Ce n’est pas la rue qui gouverne nous a-t-on rappelé cette année. La phrase exacte de Jean-Pierre Raffarin est : « la rue doit s’exprimer mais ce n’est pas la rue qui gouverne ». D’un point de vue strict, la légitimité du pouvoir est celle de la légalité : la rue n’est pas au-dessus des lois. D’un point de vue large, elle désigne ce qui paraît juste et moral selon le sens commun[1]. Dit autrement, la rue participe à la gouvernance, expression directe mais aussi de celle des représentants syndicaux eux-mêmes légitimés par des élections professionnelles, et d’autres critères fixés par la loi. Contrairement à l’argument populiste, la démocratie ne se résume pas à l’élection car la séparation des pouvoirs est ce qui permet à une société de vivre démocratiquement entre deux élections, à condition de ne pas survaloriser les pouvoirs de contrôle et de résistance. La démocratie dite « continue » consiste donc à faire émerger des acteurs non politiques mais légitimes dans un état d’esprit constructif. Ainsi la démocratie sociale est-elle une composante de la démocratie politique car elle l’enrichit, ce qui est essentiel dans le cadre d’un régime comme le nôtre à domination présidentielle soumettant le Parlement. En France, l’élection du Président est le pivot de la vie politique et l’argument d’Emmanuel Macron sur l’âge de la retraite est que celui-ci avait été tranché par sa réélection. C’est très présidentialiste, mais pas assez démocratique. La République du Président est un royaume sans intermédiaires. C’est le prix de la cohésion d’un pays passé de la monarchie à la démocratie laïque sans se démembrer. Résultat : l’Etat est le réceptacle des attentes et donc des déceptions. Les citoyens confient et contestent, comme nous l’ont rappelé la crise des « gilets jaunes » et le silence des abstentionnistes. C’est un rapport particulier au pouvoir : refus du lien de subordination et passion pour l’égalité. La revanche des serfs sur un millénaire de domination seigneuriale ? Le pouvoir ne se partage pas : on le donne ou on le renverse.

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