lundi 20 mars 2023

“La CFDT demande au gouvernement de retirer son projet de réforme”

 Réuni le 16 mars, alors que l’exécutif décidait de déclencher le 49.3, le Bureau national fustige la surdité de l’exécutif face à la mobilisation citoyenne des derniers mois et le choix d’un passage en force. Il demande solennellement au gouvernement de retirer son projet de réforme et d’organiser une conférence sociale sur le travail.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 17/03/2023 à 13h39 et mis à jour le 17/03/2023 à 14h10


Le jeudi 16 mars à midi, Laurent Berger et les autres leaders des organisations syndicales étaient présents devant l’Assemblée nationale pour demander aux députés de ne pas voter le texte. Deux heures plus tard, l’exécutif déclenchait le 49.3.© Thierry Nectoux/Chambre noire

C’était l’une des pistes envisagées, mais à laquelle peu de monde croyait. Le 16 mars, l’exécutif a pourtant fait le choix d’un énième passage en force – faisant du 49.3 l’épilogue d’une séquence qui aura multiplié les marques d’entêtement et de surdité face à une réforme contestée de toutes parts. « Une telle réforme mérite une autre ambition de la part de l’exécutif que celle d’utiliser tous les artifices pour esquiver le débat de fond », note le Bureau national dans une déclaration du 17 mars. S’adressant à l’exécutif, il rappelle que « la légitimité démocratique ne se limite pas aux résultats des élections et à la légitimité du vote. Elle se construit aussi à l’épreuve de l’exercice du pouvoir dans la capacité à comprendre l’état du pays, à tenir compte de l’opinion et des corps intermédiaires ».

Le plus grand mouvement social depuis cinquante ans

Or voilà deux mois et demi que la CFDT s’oppose, de manière « résolue, argumentée et responsable […] dans un cadre unitaire intersyndical ». Au fil des mobilisations, elle a construit « le plus important mouvement social que le pays ait connu depuis cinquante ans, [au cours duquel] plus de 12 millions de travailleurs et travailleuses ont protesté pacifiquement contre le projet gouvernemental ». De fait, l’absence de réponse de l’exécutif – réitérée ces derniers jours encore par une fin de non-recevoir adressée aux organisations syndicales – « a progressivement transformé la contestation en ressentiment, voire en rancœur face au mépris affiché ».

Confrontée à ce nouveau passage en force (par l’utilisation de l’article 49.3), « la CFDT va continuer d’agir et de se mobiliser pour faire en sorte que cette réforme ne soit pas adoptée ». Elle appelle tous les travailleurs « à participer à des rassemblements syndicaux sur leurs territoires ce week-end dans le respect des droits et des personnes, en toute indépendance des partis politiques [puis] à une neuvième grande journée de mobilisation le jeudi 23 mars ». Rejeté par l’opinion publique, combattu par la rue, sans majorité à l’Assemblée nationale, le report de l’âge légal à 64 ans ne peut plus être mis en œuvre. Aussi, le Bureau national de la CFDT « demande solennellement au gouvernement de retirer son projet de réforme des retraites ».

Besoin d’une conférence sociale sur le travail

Au-delà du sujet des retraites, le Bureau national lance un appel face au risque démocratique. « Notre démocratie était déjà fragile, elle est maintenant ébranlée. Dans ce contexte, la CFDT appelle à l’apaisement et à une meilleure articulation entre démocratie politique et démocratie sociale. L’exécutif, après le retrait de la réforme, doit organier une conférence sociale sur le travail. »

À ceux qui ont soutenu la mobilisation de ces dernières semaines, la CFDT l’assure : elle continuera résolument de les défendre. « Nous continuerons de faire connaître la réalité du travail. Nous continuerons de donner de la voix aux travailleurs et travailleuses de la deuxième ligne, [de nous] engager pour construire du progrès social et améliorer la situation de tous les travailleurs et toutes les travailleuses. »