Temps de lecture 3 min
Extrait de l'hebdo n°3957
Après presque dix ans, le Fonds ETCLD (Expérimentation
territoriale contre le chômage de longue durée) dresse un bilan positif de
l’expérimentation. Selon la CFDT, il ne faut surtout pas s’arrêter là.
Par Sabine Izard — Publié
le 18/03/2025 à 14h00
© Marta Nascimento/RÉA
Lancée en 2016 dans dix territoires pionniers, puis étendu
en 2020 à plus de soixante-dix autres, TZCLD faisait le pari de mobiliser
directement, dans les territoires, l’ensemble des acteurs locaux afin de lutter
efficacement contre le chômage de longue durée. « Porté par la société
civile, le projet soutient l’idée qu’il est possible, en l’absence de
propositions d’emplois accessibles sur le territoire, de proposer à toutes les
personnes privées durablement d’emploi un emploi en contrat à durée
indéterminée à temps choisi pour réaliser des activités utiles »,
explique ainsi le Fonds dans son rapport.
Trois postulats…
L’expérimentation se fonde sur trois postulats :
« Personne n’est inemployable ; ce n’est pas le travail qui
manque ; ce n’est pas l’argent qui manque [puisque] le financement des
emplois nécessaires à la population équivaut au coût de la privation durable
d’emploi. » Grâce à ce dispositif fondé sur le volontariat, les
personnes accompagnées sont employées par des entreprises de l’économie sociale
et solidaire, dites entreprises à but d’emploi, pour des activités non
couvertes par le secteur privé des bassins d’emploi concernés – donc dans
des recycleries, épiceries, garages solidaires, etc.
François Nogué, président du Fonds ETCLD, explique dans
une interview du 12 mars 2025 que c’est un succès.
« L’expérimentation a permis de créer plus de 4 000 emplois,
dans près de 90 territoires, pour des personnes […] en grande difficulté.
Elle a créé des emplois utiles dans les domaines de l’économie solidaire et de
la transition écologique et a favorisé une forme d’entrepreneuriat social à
travers l’essaimage sur tout le territoire de 86 entreprises à but d’emploi. »
Au-delà des bénéfices sociaux et sociétaux incontestables, le bilan souligne
aussi son coût maîtrisé : « 75 % au moins des coûts
budgétaires de la démarche sont […] compensés d’une part par des économies
(RSA, allocations chômage), d’autre part par des recettes nouvelles engendrées
par les emplois créés (cotisations sociales, TVA…). »
La question du financement en suspens
« C’est une bonne initiative qui montre que quand
tous les acteurs travaillent ensemble, on trouve des solutions pour les
personnes privées d’emploi, commente Chantal Richard, secrétaire
confédérale CFDT. Des questions se posent toutefois, notamment en ce
qui concerne l’implication des structures de l’insertion par l’activité
économique dans certains territoires, l’importance d’une équipe de management
dans les entreprises à but d’emploi ou le financement de l’expérimentation, qui
reste aujourd’hui uniquement lié à une contribution exceptionnelle de l’État,
et enfin le risque de concurrence entre les structures spécifiques quand les
crédits sont limités. On le voit aujourd’hui dans le cadre des discussions de
la loi de finances. Le bilan pose les bonnes questions, mais il ne faut pas
s’arrêter là ! »
À propos de l'auteur
Journaliste