
Cela contraste étrangement avec la façon dont le surengagement est encore largement envisagé. Les notions d’addiction ou de workaholisme, malgré leurs limites, structurent encore largement les représentations de cette question. En dépit de leurs éventuelles divergences sur des points secondaires, la plupart des spécialistes de l’addiction au travail la définissent comme le fait de travailler de façon excessive et de manière compulsive. Ces deux dimensions, dans les outils épidémiologiques pour évaluer le risque d’addiction, sont mesurées à partir d’autoévaluations par les personnes interrogées. La dimension pathologique de cette addiction se manifesterait dans les effets négatifs sur la santé et/ou sur les relations sociales et familiales. La cause en est recherchée essentiellement dans les caractéristiques individuelles des personnes, dans les traits de personnalité innés ou acquis. Par exemple, les personnes « narcissiques » seraient en permanence en attente de « récompenses » procurées par les succès et la reconnaissance dans le travail. Ces personnes rechercheraient donc des emplois concurrentiels, dans lesquels il est possible de beaucoup travailler et où le travail serait associé à des gratifications en termes de revenus ou de carrière, comme c’est le cas dans les fonctions de manager ou les professions libérales. L’organisation du travail ne serait donc pas la cause de l’addiction, mais la conséquence des choix de métiers que leur personnalité dicterait aux workaholiques. Les personnes qui travaillent beaucoup seraient-elles addictes au travail comme un toxicomane l’est à sa dose de drogue ?