Temps de lecture 3 min
Extrait de l'hebdo n°3957
L’amélioration de la réparation des victimes d’accident du travail ou de maladie professionnelle prévue dans l’accord national interprofessionnel de 2023 est enfin inscrite dans le code de la Sécurité sociale. Un progrès majeur obtenu de haute lutte par la CFDT.
Par Claire Nillus — Publié
le 18/03/2025 à 14h00
© Santé Pratique Paris
Ça y est ! La loi de finances pour la Sécurité sociale
2025 acte un point clé de l’accord conclu en mai 2023 par les partenaires
sociaux visant à améliorer le versement des rentes AT-MP. C’est l’aboutissement
de plusieurs mois de négociation pour une véritable évolution de
l’indemnisation qui concerne potentiellement quelque 30 000 personnes
par an. La loi promulguée le 28 février 2025 améliore l’indemnisation des
victimes en affirmant le caractère dual de la rente AT-MP, c’est-à-dire versée
à la fois au titre des pertes de gains dues à leur incapacité de travail et des
dommages causés dans leur vie personnelle (séquelles à vie désignées comme
« déficit fonctionnel permanent »).
Cette mesure – qui visait à prendre en compte ce
déficit fonctionnel permanent au-delà du seul préjudice économique – avait
été minorée dans le projet de loi de finances 2024. Face au tollé des
associations de défense des victimes et des organisations syndicales, qui ne
retrouvaient pas l’esprit de l’ANI qu’elles avaient signé, le gouvernement
avait demandé aux partenaires sociaux de trouver un nouveau consensus. Les
discussions ont abouti à un relevé de décisions en juin 2024 puis sa
retranscription dans l’article 90 de la loi de financement de la Sécurité sociale
pour 2025.
Une indemnisation garantie
Concrètement, les victimes subissant une incapacité de
travail n’auront plus l’obligation d’aller en justice afin d’obtenir réparation
des conséquences de leur accident ou maladie, du fait du travail, sur leur vie
personnelle. Elles percevront une rente « couvrant de manière
certaine » les deux types de préjudices, financiers et fonctionnels. De
plus, pour les personnes les plus gravement atteintes, la CFDT a obtenu qu’une
partie de cette rente soit versée en capital afin qu’elles puissent notamment
adapter leur logement ou leur voiture. Elle a également réussi à réduire de
moitié le taux d’incapacité (il passe de 80 % à 40 %) donnant droit à
la prestation complémentaire pour recours à tierce personne (PCRTP), une somme
destinée à financer l’assistance d’une personne permettant d’effectuer des
actes ordinaires de la vie courante (s’habiller, se lever, s’asseoir, etc.).
Toujours à l’actif de la CFDT, la révision à la baisse du
taux d’incapacité prévisible – défini par le médecin-conseil en l’état
actuel de la victime avant consolidation –, qui offre la possibilité
d’enclencher une demande de reconnaissance de maladie professionnelle hors
tableau (ce taux passe de 25 % à 20 %), ainsi que l’amélioration de
la prise en charge de l’appareillage sont également prévues par l’ANI et
intégrées dans la convention d’objectifs et de gestion (COG) de la branche
AT-MP.
En juin 2026, les décrets d’application
Ces nouvelles dispositions doivent entrer en vigueur d’ici à
juin 2026. Les partenaires sociaux sont dès aujourd’hui associés à leur
transposition réglementaire en vue de la sortie des décrets d’application, en
juin 2026. La CFDT veillera au respect des équilibres de l’accord et du
relevé de décisions conclus tout au long de cette nouvelle étape. Dans la
continuité de ces travaux, une commission des garanties sera mise en place et
veillera au respect de ces nouvelles règles.
À propos de l'auteur
Journaliste