vendredi 19 septembre 2025

La Caisse Nationale d'Action Syndicale (Cnas)

Être adhérent ou adhérente à la CFDT, c’est être défendu·e et protégé·e grâce à la caisse nationale d’action syndicale ! La CNAS est financée par une partie des cotisations des adhérentes et adhérents CFDT. En cas de coup dur, elle fait face à vos côtés !

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C’est un outil unique dans le paysage syndical français envié par les autres centrales. Créée en 1973 lors du congrès CFDT de Nantes, la Caisse Nationale d’Action Syndicale (Cnas) avait été conçue, à l’époque, pour apporter une aide financière aux adhérents en cas de grève, pour soutenir les syndicats en matière juridique et pour défendre les militants victimes de répression patronale dans leur entreprise.

Congrès après congrès, ses missions se sont élargies pour répondre à l’évolution du monde du travail : « La dernière grande réforme de la Cnas datait du congrès de Lille en 1998 », rappelle la secrétaire confédérale Michèle Aribaud. Les syndicats avaient alors voté la création d’une assurance professionnelle pour couvrir les adhérents dans l’exercice de leur emploi et le financement d’actions syndicales innovantes. »

Une réforme ambitieuse

Le congrès de 2014 marque une nouvelle étape importante. « Il s’agit d’une réforme politique ambitieuse afin de rendre le syndicalisme CFDT encore plus proche des salariés », a insisté le trésorier confédéral Marcel Grignard. À partir du 1er janvier 2015, la Cnas accompagnera les syndicats qui le souhaitent à constituer leur dossier juridique ; les démarches de conciliations seront prises en charge financièrement et le niveau d’indemnisation des adhérents en cas de grève sera doublé.

Améliorer le fonctionnement quotidien

La Cnas financera par ailleurs les actions innovantes des syndicats en direction des salariés des entreprises et collectivités publiques les plus éloignés du syndicalisme, ainsi que les nouveaux services aux adhérents créés par la CFDT comme « Réponses à la carte » et «L’Ouvre-boîte ». « L’enjeu de cette nouvelle réforme est à la fois de mieux répondre aux besoins des adhérents et des militants tout en améliorant le fonctionnement quotidien de cet outil que beaucoup nous envient », a résumé Marcel Grignard. Un bilan de cette réforme sera présenté aux syndicats dans quatre ans lors du prochain congrès confédéral de Rennes du 4 au 8 juin 2018.

Tout adhérent CFDT peut bénéficier des prestations de la CNAS CFDT.

La CNAS – caisse nationale d’action syndicale – est un outil que s’est donné la CFDT pour venir en aide à ses adhérents dans le cadre d’une grève, d’un problème juridique ou bien encore en cas d’accident dans l’exercice de ses fonctions syndicales.

Cette caisse est alimentée par une part de la cotisation syndicale (soit 8,6%).

 La caisse de grève.

La CNAS peut apporter un soutien financier aux adhérents ayant subi des pertes de salaire à l’occasion d’une grève. A partir du 3ème jour de grève, la CNAS CFDT verse une prestation journalière de 16 Euros / par jour à ses adhérents. La CFDT est la seule organisation syndicale française à disposer d’une caisse de grève.

 Le soutien juridique à l’adhérent.

Chaque adhérent peut bénéficier sous certaines conditions d’un soutien juridique pour les procédures et recours dans les domaines du droit du travail ou de la fonction publique, de la formation professionnelle et de la protection sociale. Le dossier juridique sera assuré en priorité par un défenseur syndical.

 Le soutien juridique aux syndicats.

Pour accroître l’efficacité de l’action syndicale, la CNAS assure un soutien aux syndicats engagés dans des actions juridiques pour la défense du droit syndical et de ses représentants ou pour des dossiers présentant un intérêt général ou collectif.

 La solidarité.

La CNAS intervient afin d’aider les militants CFDT subissant des sanctions du fait de leur activité syndicale.

 Les assurances.

Les adhérents poursuivis pénalement par un tiers autre que l’employeur dans le cadre de leur exercice professionnel peuvent être défendus par le biais d’un contrat d’assurance.
Les militants exerçant leur activité syndicale en dehors de leur entreprise ou administration ne bénéficient pas toujours de la couverture « accident du travail ». Afin de pallier cette situation, la CNAS CFDT a souscrit un contrat d’assurance couvrant les risques physiques.

Droit de grève : on t’explique comment ça fonctionne !

Publié le 12/09/2025

CFDT Bretagne

Comment se mettre en grève ? Pour combien de temps ? Sous quelle forme ? Et pour le public ? La CFDT prend-elle en charge la journée de grève du 18 septembre ? On répond à toutes vos questions sur le droit de grève ici !

Le droit de grève est un droit fondamental reconnu dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946. Il consiste à cesser le travail collectivement et de manière concertée en vue d’appuyer des revendications professionnelles.

C’est un droit individuel qui doit s’exercer collectivement. La grève ne peut pas être le fait d’un seul salarié, sauf s’il est l’unique salarié de l’entreprise ou s’il participe à un appel à la grève lancé au niveau national, comme celui du 18 septembre, ou ceux contre la réforme des retraites en 2023.

Les revendications invoquées pour faire grève doivent avoir un caractère professionnel et concerner les salariés qui participent au mouvement. Par exemple, elles peuvent porter sur le salaire, les conditions de travail, le temps de travail, le système de retraite, le droit syndical, …

La grève qui conteste des décisions purement politiques est illicite. En revanche, une grève qui porte des revendications sociales et professionnelles est autorisée.

Se mettre en grève pour les salariés du secteur privé

 

Les salariés du secteur privé n’ont pas à respecter un préavis de grève. Elle peut être déclenchée à tout moment. En revanche, l’employeur doit avoir connaissance des revendications formulées au moment de l’arrêt de travail (à l'aide d'un communiqué de presse par exemple).

Exception à la règle : dans les entreprises chargées de la gestion d'un service public, la grève est précédée d'un préavis précisant son début et sa durée envisagée.

Dans les entreprises de transport terrestre ou aériens la grève nécessite un préavis émanant d'un syndicat représentatif.

 

Se mettre en grève pour les agents de la Fonction publique

 

Pour les agents de la Fonction publique, le préavis de grève est obligatoire et doit être déposé par une organisation syndicale au moins 5 jours francs avant l’arrêt du travail.

Exception à la règle : la hiérarchie peut limiter le droit de grève des agents en les réquisitionnant pour assurer la continuité d’un service public indispensable. C’est ce que l’on appelle le service minimum.

 

Quelle forme peut prendre la grève ?

La grève suppose une cessation complète du travail. Il est interdit de ralentir volontairement le rythme du travail ou de l’exécuter dans des conditions volontairement défectueuses.

Le gréviste est libre de rester devant son lieu de travail, d’aller manifester ou de rester chez lui. L’occupation des lieux de travail est licite, sous réserve de ne pas commettre d’abus.

 

Pour quelle durée peut-on faire grève ?

La grève n’est soumise à aucune durée minimale ou maximale. Un salarié peut faire grève pendant 2 heures pour aller manifester et reprendre le travail par la suite. L’employeur ne peut retenir le salaire que de manière strictement proportionnelle à l’arrêt de travail effectif.

 

Quelles sont les conséquences de la grève ?

L'article L. 1132-2 du Code du travail dispose qu'aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire en raison de l'exercice normal du droit de grève. L’employeur est dispensé de verser le salaire et ses accessoires. La retenue doit être strictement proportionnelle aux arrêts de travail effectifs.

 

La caisse de grève de la CFDT, comment ça fonctionne ?

La Caisse Nationale d’Action Syndicale est financée par et pour les adhérentes et adhérents CFDT à jour de leurs cotisations. Elle assure une prestation grève qui permet de compenser votre perte de salaire en cas de mobilisation. Les adhérents ayant plus de 6 mois d’adhésion avant le démarrage de la grève peuvent percevoir une indemnisation forfaitaire de 8,10€ par heure, à condition de cumuler plus de 7 heures de grève. Si le salarié a moins de 6 mois d’adhésion à la CFDT mais qu’il a adhéré avant le démarrage du conflit, il peut prétendre à une « demi-prestation ».

La journée de mobilisation du 18 septembre est éligible à l’indemnisation de la CNAS.

Toutes les grèves appelées par une structure CFDT (autre que la Confédération) peuvent être indemnisées. Il faut impérativement vous rapprocher de votre syndicat pour avoir confirmation. Les demandes de prestation grève sont déposées dans l’Appli Cnas par les syndicats et doivent contenir impérativement un préavis ou tract d’appel à la grève émanant d’eux.

Les adhérents doivent formuler leur demande de prestation grève auprès de leur syndicat CFDT de référence en transmettant leur bulletin de salaire sur lequel est appliqué la retenue.

jeudi 11 septembre 2025

“Dans cette période chaotique, la CFDT est un pôle de stabilité”

Temps de lecture 13 min

Extrait de l'hebdo n°3977

Au lendemain de la chute du gouvernement Bayrou et de la nomination d’un nouveau Premier ministre, Marylise Léon fait part de son inquiétude face à une nouvelle période d’instabilité politique. Et rappelle les priorités de la CFDT en cette rentrée sociale chamboulée.

Par Anne-Sophie Balle, et Jérôme Citron — Publié le 10/09/2025 à 14h00

© Simone Perolari

La France est de nouveau sans gouvernement. Comment analyser ce qui vient de se passer ?

Le résultat du vote de l’Assemblée nationale n’a pas été une surprise. La question de confiance posée par François Bayrou ne répondait pas aux enjeux de la période. Selon la CFDT, la question n’est pas de savoir s’il y a un problème de déficit public dans notre pays mais comment peut-on répartir les efforts de la manière la plus juste possible. Malheureusement, la nouvelle instabilité politique n’augure rien de bon pour le monde du travail.

Dans cette période chaotique, la CFDT est un pôle de stabilité. Nous devons poursuivre notre travail de syndicalistes en gardant notre boussole, à savoir l’intérêt des travailleurs. Nous jouons un rôle de vigie, à la fois pour peser sur les choix politiques et budgétaires mais aussi pour continuer à donner des repères aux travailleurs, dont l’exaspération qui prévalait avant l’été s’est transformée en colère. Et cette colère n’est pas près de disparaître.

Pourquoi appeler à la mobilisation le 18 septembre alors qu’il n’y a plus de gouvernement ? Et pourquoi ne pas avoir appelé à la mobilisation du 10 septembre ?

Nous sommes dans notre rôle d’organisation syndicale. Nous nous faisons le relais des aspirations des travailleurs dans un cadre syndical, avec nos mots d’ordre et nos méthodes d’action, ce qui n’est pas le cas de la journée du 10. La date du 18 septembre, elle, a été choisie avec l’ensemble des organisations syndicales autour de revendications communes. Il n’est pas question de « tout mettre à l’arrêt » ou de demander la démission du président de la République.

“Les partis politiques se positionnent aujourd’hui comme des écuries présidentielles sans réellement apporter de réponses aux questions qui se posent à moyen et long terme. A contrario, à la CFDT, nous nous efforçons de penser le temps long.”

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT

C’est une manière, aussi, de marquer notre indépendance vis-à-vis du politique. C’est d’autant plus important que les partis politiques se positionnent aujourd’hui comme des écuries présidentielles sans réellement apporter de réponses aux questions qui se posent à moyen et long terme. A contrario, à la CFDT, nous nous efforçons de penser le temps long.

La question budgétaire reste néanmoins posée. Comment la CFDT veut-elle peser dans les prochains mois ?

Il est utile de rappeler que la fin du gouvernement Bayrou ne signifie pas la fin du processus budgétaire. Un nouveau gouvernement va se mettre en place, et il y a fort à craindre que certaines idées refassent surface très rapidement – or les pires sont souvent celles qui reviennent le plus vite.

La CFDT n’a pas changé d’opinion. Nous demandons que les choix budgétaires soient débattus. Il faut une véritable concertation. Mais disons-le clairement : il n’y a pas grand-chose à garder des propositions faites par le Premier ministre en juillet dernier. Il faut tout remettre à plat. Selon la CFDT, deux sujets doivent être abordés en priorité : la conditionnalité des aides publiques et la taxation des ménages les plus fortunés, la fameuse taxe Zucman. Reconnaissons que, sur ces deux sujets, le débat public n’est pas à la hauteur, voire à la limite de la caricature.

Enfin, nous serons très vigilants sur le calendrier parlementaire en cette rentrée afin que les accords que nous avons signés soient fidèlement retranscrits dans une loi. Je pense notamment à l’accord relatif à la non-limitation des mandats syndicaux, lequel est très attendu par nos militants. Il est hors de question qu’il passe à la trappe.

Tu as souvent pointé la responsabilité des organisations patronales, ne voulant pas s’engager dans la période (négociation du Pacte de la vie au travail, “conclave retraites”…) Peut-on encore dialoguer avec le patronat ?

Nous sommes à un moment charnière avec les organisations patronales qui, par dogmatisme idéologique, n’ont clairement pas joué le jeu dans le cadre des discussions sur les retraites et n’ont pas voulu prendre leur part de risque. Quand on affirme vouloir peser et être une force de stabilité dans le pays, il faut être capable de dépasser sa popote interne. Aujourd’hui, je ne veux pas entendre le patronat dire que l’instabilité politique est insupportable alors qu’ils n’ont pas pris leurs responsabilités.

Suite de l'article sur syndicalismehebdo.fr




 

vendredi 5 septembre 2025

APPEL À MOBILISATION LE 18 SEPTEMBRE !

 



Depuis le 15 juillet, nous, travailleurs et travailleuses, représentantes et représentants des travailleurs, SOMMES EN COLÈRE !

La France est dans une grave situation budgétaire,
mais nous, salarié.es, agentes et agents, retraité.es, demandeurs et demandeuses d’emploi, n’en sommes pas les responsables.

NOUS REFUSONS :

 la suppression des 2 jours fériés ;
 le gel des pensions et des prestations sociales ;
 une nouvelle flexibilisation de nos conditions de travail ;
 le raccourcissement des délais de saisine des prud’hommes ;
 le déremboursement d’une partie des médicaments ;
 une nouvelle réforme délétère de l’assurance chômage ;
 la mise en place d’une pseudo TVA « sociale » ;
 la généralisation de la monétisation la 5e semaine de congés.

Face au niveau de la dette, des efforts doivent être faits mais ils doivent être partagés et mieux répartis. Les grandes entreprises et les ménages les plus aisés doivent être mis à contribution !

NOUS VOULONS :

 des moyens à hauteur des missions des services publics et des politiques publiques ;
 des mesures pour lutter contre la précarité et renforcer la solidarité ;
 des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation de la France et des mesures contre les licenciements ;
 la justice fiscale, avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus, contraignent le versement des dividendes et conditionnent fortement les aides aux entreprises ;
 une protection sociale de haut niveau et l’abandon de la retraite à 64 ans.


MOBILISONS-NOUS MASSIVEMENT LE 18 SEPTEMBRE !

Partout en France, sur tous les territoires, dans toutes les entreprises et les administrations ! RDV tous et toutes dans la rue pour faire entendre notre colère et revendiquer des mesures plus justes !

preavis_18_septembre_2025
communique_presse_intersyndicale_journee_18_septembre
tract_cfdt_18_septembre

mardi 26 août 2025

Les élections professionnelles 2026 : la date est désormais arrêtée …

Publié le 


Les élections professionnelles dans la fonction publique auront lieu le 10 décembre 2026. Ces élections professionnelles constituent un moment démocratique essentiel pour les agents de la fonction publique française. Elles permettent d’élire les représentants du personnel au sein des différentes instances de dialogue social des fonctions publiques de l’État, territoriale et hospitalière. Prévues pour décembre 2026, ces élections marquent une rupture significative avec les pratiques antérieures, en raison de la généralisation du vote électronique. 

Par arrêté en date du 2 juillet 2025, le Premier ministre a fixé la date du prochain renouvellement général des instances de dialogue social, dans les trois versants de la fonction publique, au 10 décembre 2026. Comme en 2022, le vote électronique sera la règle dans la fonction publique d’État, et il se tiendra du 3 au 10 décembre 2026. Dans la territoriale et l’hospitalière, le vote électronique n’est pas obligatoire, mais possible : dans ce cas, il devra se terminer le 10 décembre, sur une période de 3 à 8 jours.

Qui sont les électeurs ?
  • 5,7 millions d’agents publics seront appelés à voter
  • 2,54 millions dans la fonction publique d’État (FPE)
  • 1,21 million dans la fonction publique hospitalière (FPH)
  • 1,94 million dans la fonction publique territoriale (FPT)

Ou, vu d’une autre façon :

  • 3,80 millions de fonctionnaires (stagiaires et titulaires) ;
  • 1,15 million de contractuels ;
  • 0,30 million de militaires ;
  • 0,45 million d’autres catégories et statuts
Un enjeu important : la participation

La participation est en baisse depuis plusieurs scrutins : 43,7 % en 2022 contre 49,8 % en 2018. Cette tendance inquiète car elle questionne la légitimité des syndicats et l’avenir du dialogue social.

La réforme de 2019, qui a réduit les compétences des commissions administratives paritaires (CAP), est pointée du doigt par les syndicats comme un des facteurs de cette désaffection.

Un défi technique : le vote électronique

Après avoir été expérimenté en 2014 et 2018, le vote électronique est devenu la norme en 2022, mais il a généré de très nombreux dysfonctionnements :

  • problèmes d’inscription sur les listes électorales (agents actifs absents, retraités ou même décédés inscrits)
  • critiques fortes des syndicats qui estiment que cela a contribué à faire baisser la participation
  • Dans les Directions Départementales Interministérielles (DDI), le vote électronique a même été abandonné et on est revenu au vote à l’urne classique suite à ces problèmes.
Un enjeu politique

En 2022, la CGT est restée premier syndicat de la fonction publique (21,3%), devant Force ouvrière (18,9%)  qui a devancé de très peu la CFDT (18,8%).
Une des priorités de la CFDT est de garantir des élections justes, transparentes et accessibles à tous, renforçant ainsi la démocratie au sein de la fonction publique.

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Pour mémoire :

Notre article du 04-04-25 : Réunion relative aux élections professionnelles 2026 au pôle ministériel

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mercredi 28 mai 2025

Égalité professionnelle : vers un nouvel accord ?

 Publié le 23/05/2025

Pétition intersyndicale contre le jour de carence et pour le maintien de la rémunération à 100% en cas de congé maladie ordinaire

 Publié le 18/04/2025

mercredi 2 avril 2025

LUTTE CONTRE L’ILLETTRISME - Un secret bien gardé

Un Français sur dix dans notre pays maîtrise mal les compétences de base en lecture, écriture, calcul et numérique. Malgré les actions menées depuis une vingtaine d’années pour lutter contre l’illettrisme, trop de salariés sont encore en difficulté.

Par Claire Nillus — Publié le 01/04/2025 à 11h00

© Manuela Deigert Plainpicture

«Je n’ai pas mes lunettes / Je n’ai pas de stylo / Tu as une écriture plus jolie que la mienne… » Des propos anodins s’ils ne cherchaient à dissimuler sa honte. Comme rester discret et se tenir toujours en retrait, ces stratégies sont installées dès l’enfance pour pouvoir évoluer en société en ne sachant ni lire ni écrire.

La peur incessante d’être dévoilé, discriminé, licencié, c’est le quotidien des personnes en situation d’illettrisme, dont 55 % sont en emploi bien qu’elles ne maîtrisent pas les savoirs de base leur permettant d’être autonomes dans la vie courante comme au travail. L’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) 1 évalue à 3,7 millions le nombre de personnes en difficulté avec l’une ou l’autre de ces compétences. Parmi celles-ci, 27 % sont des chômeurs de longue durée. Et c’est plus encore lorsque l’on évoque l’illectronisme, qui touche 13 % de la population.

À ne pas confondre avec l’analphabétisme (qui concerne des personnes qui n’ont jamais appris à lire et à écrire) ou avec la faible maîtrise de la langue française par celles et ceux qui viennent d’un autre pays, l’illettrisme concerne les personnes qui ont en commun d’avoir été scolarisées en France mais qui ne possèdent pas ces savoirs ou les ont perdus. Les causes sont multiples : pauvreté, violences intrafamiliales, mal-logement, troubles non diagnostiqués (comme la dyslexie, etc.). Cela se traduit, à des degrés divers, par un vocabulaire répétitif ou peu précis à l’oral, l’incapacité d’écrire autre chose que son nom, son adresse ou quelques mots familiers appris par cœur.

La nécessité de lutter contre ce phénomène n’est apparue dans le code du travail qu’en 1998, avec la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions, qui a fait du combat contre l’illettrisme un impératif national. En 2004, pour la première fois, une enquête de l’Insee a mis en lumière l’ampleur du phénomène. « Depuis, la digitalisation du travail révèle avec une plus grande intensité encore les difficultés engendrées par l’illettrisme puisque 90 % des actions sur un ordinateur ou une tablette font appel à la lecture et à l’écriture », observe Hervé ­Fernandez, directeur de l’ANLCI. Aujourd’hui, il est beaucoup plus compliqué de travailler sans savoir lire ni écrire.

Des salariés plus exposés aux risques

Quant aux personnes en emploi, elles se mettent en danger (et potentiellement leurs collègues) car elles ne peuvent pas lire les consignes de sécurité ni respecter les changements de procédures. Certaines arrivent systématiquement en retard ou très en avance, multiplient les demandes orales, se repèrent difficilement dans l’espace et le temps.

Ces salariés-là sont repérables aussi parce qu’ils ne viennent pas aux rendez-vous d’entretien annuel ou professionnel, ne votent pas aux élections professionnelles, surréagissent à tout changement qui viendrait menacer la zone de sécurité qu’ils ont réussi à aménager avec des routines spécifiques. « Ils sont très stressés et doivent déployer une énergie considérable pour bien faire leur travail, poursuit le directeur de l’ANLCI. Et pour l’entreprise, il y a un coût financier dû à des défauts de production, du surtemps, voire de la non-réalisation. »

L’illettrisme, c’est bien évidemment la difficulté à trouver un emploi ou le garder. Zahira Maouche, militante CFDT, est aussi conseillère du salarié. Elle a accompagné plusieurs personnes en situation d’illettrisme à des entretiens préalables. Elle se souvient notamment d’un homme d’une trentaine d’années qui travaillait dans le BTP. Il arrivait le matin avec ses collègues et repartait avec eux, se calant sur leurs façons de faire. Jusqu’au jour où il s’est retrouvé seul à gérer une livraison…

Responsabilité de l’employeur

Or les employeurs ont l’obligation de maintenir l’employabilité de leurs salariés tout au long de leur vie professionnelle par de la formation continue (article L6111-1 du code du travail). Cette obligation « vise à permettre à chaque personne, indépendamment de son statut, d’acquérir et d’actualiser des connaissances et des compétences favorisant son évolution professionnelle, ainsi que de progresser d’au moins un niveau de qualification au cours de sa vie professionnelle ». La lutte contre l’illettrisme fait donc pleinement partie des responsabilités de l’entreprise.

Mais si la formation est bien le levier principal pour sortir les personnes de leur situation d’illettrisme, encore faut-il pouvoir les repérer. « Les employeurs n’ont pas conscience d’avoir ces profils dans leurs effectifs. Ou bien ils le savent et mettent en place des codes couleurs pour ceux qui ne savent pas bien lire. Ce n’est pas suffisant pour les rendre autonomes », constate Olivier Gaudicheau, secrétaire général de la CFDT des Deux-Sèvres.

Dans cette permanence, les militants aident souvent des salariés à rédiger un courrier ou à lire un bulletin de salaire. Ils ont décidé d’aller plus loin et de mener une grande action de sensibilisation avec les syndicats auprès des employeurs de la région pour les informer des aides à leur disposition. Une initiative saluée par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme : « Il y a urgence dans un monde du travail qui se transforme à grande vitesse. Les organisations syndicales mettent en lumière des situations très concrètes et peuvent alerter. »