Selon le sixième baromètre du dialogue
social Syndex-Ifop, la motivation des élus a fortement progressé en
2023, portée par les “mobilisations retraites”. L’image que les salariés ont de
leurs représentants s’est, quant à elle, sensiblement améliorée.
Par Sabine Izard—
Publié le 30/01/2024 à 14h00
© Syndex-Ifop - DR
1. Comités sociaux et économiques.
Entre les « mobilisations retraites », les négociations salariales
dans un contexte inflationniste et le cycle de renouvellement des CSE1, 2023
aura été une année dense en matière de dialogue social. Et les représentants du
personnel n’ont jamais été aussi déterminés et motivés que l’an passé, si l’on
en croit le sixième baromètre du dialogue social présenté le 23 janvier
par le cabinet d’expertise Syndex et l’Ifop. L’enquête – menée à
l’automne dernier auprès de 1 420 représentants du personnel,
1 300 salariés et 401 chefs d’entreprise et DRH – dresse un
panorama fort instructif.
Si l’on s’en tient au climat général, les deux organismes constatent un
regain de motivation parmi les représentants des salariés : 67 % se
disent « déterminés » (+ 5 points par rapport à 2022) et
65 % « motivés » (+ 9 points). Les salariés ont quant
à eux une vision plus positive du comité social et économique (71 %,
+ 5 points en un an), et le nombre d’adhésions tend à progresser selon
33 % des représentants du personnel (RP). « Ce sont les scores les
plus élevés que nous ayons jamais observés depuis la mise en place de ce
baromètre, en 2018 », affirme Jérôme Fourquet, directeur du
département Opinion et stratégies d’entreprises de l’Ifop, qui « s’expliquent
notamment par le contexte économique et social de 2023 (réforme des retraites,
inflation, etc.) ». De fait, 26 % des salariés et 23 % des
RP considèrent que la mobilisation contre la réforme des retraites a eu un
impact positif sur leur image du CSE.
Un renouvellement des équipes toujours compliqué
Cela n’a cependant pas suffi à susciter des vocations ou à faire oublier
les nombreuses contraintes associées à la fonction d’élu, en particulier depuis
la fusion des instances : 41 % des représentants du personnel
déplorent toujours un affaiblissement de leur poids face à celui des directions
dans la nouvelle structure (+ 4 points sur un an), 39 % déplorent un
ordre du jour trop chargé et des réunions où les sujets ne sont pas traités à
fond (+ 6 points) et 37 % jugent que leur fonction leur impose
un investissement en temps supérieur à celui qui était nécessaire dans l’ancienne
configuration des instances représentatives du personnel…
2. Cela fait partie des onze propositions CFDT pour améliorer le dialogue
social dans le cadre des ordonnances de 2017.
Par conséquent, ils sont 82 % à
demander le renforcement du poids des avis émis par le CSE (par exemple, l’avis
conforme) dans les cinq ans à venir, 67 % à plébisciter un dialogue social
au plus près du terrain (représentants de proximité, envoi direct de courriels
aux salariés…) et 65 % à demander que les réunions de CSE soient
recentrées sur les sujets importants. « Structurellement, le nouveau
format pose des difficultés », reconnaît Jérôme Fourquet. « Avec
la nouvelle instance, les sujets à traiter se sont multipliés et complexifiés,
et le télétravail a renforcé la déconnexion entre les élus et les salariés »,
convient pour sa part Nicolas Weinstein, membre du comité de direction de
Syndex. Ainsi, 93 % des représentants du personnel font part de
difficultés relatives au renouvellement des équipes.
Une situation dont a bien conscience la CFDT, qui demande au gouvernement
de « redonner les moyens aux élus de remplir leur mission de proximité
et de mener à bien leurs mandats », notamment en augmentant le crédit
d’heures de délégation, en rendant systématique la mise en place de
représentants de proximité ou encore en demandant la création d’un local
syndical numérique – ce qui permettrait entre autres aux représentants du
personnel d’utiliser la messagerie électronique de l’entreprise afin de
communiquer avec les salariés2.
Les RPS restent le sujet prioritaire pour les élus
Il n’y aurait pas non plus d’impact de ce contexte socio-économique
particulier sur les sujets de négociation. En 2023, la santé, les RPSRisques
psychosociaux. et les conditions de travail figurent toujours parmi les sujets
prioritaires pour l’ensemble des acteurs. Selon les représentants du personnel
et, dans une moindre mesure, les salariés, les directions sous-estiment la
pénibilité et l’usure professionnelle : seuls 26 % des RP et
47 % des salariés considèrent que leur direction en a une conscience
suffisante. Quant au sujet du pouvoir d’achat et aux rémunérations, il n’arrive
qu’en quatrième position. Il est considéré comme prioritaire pour 86 % des
RP (+ 5 points en un an), 77 % des salariés (un pourcentage stable
sur un an) et seulement 53 % des directions (+ 8 points).
À PROPOS DE
L'AUTEUR
Rédactrice
Enfin, « la moitié des RP ont évoqué la situation des seniors en
entreprise lors de réunions CSE sans que cela n’engage de suites dans la
majeure partie des cas », constate l’étude. Peu de dispositifs sont
mis en place pour accompagner les salariés en fin de carrière, à l’exception du
compte épargne-temps (cité par 58 % des RP), du télétravail (41 %) et
de la retraite progressive (39 %).